Je devrais commencer l’année par les traditionnels vœux/bilan/résolutions, mais honnêtement, là, tout de suite, j’ai plutôt envie d’évoquer mes débuts de dinde. Ce qui ne m’empêche pas de vous souhaiter tout plein de bonnes choses.
Pas facile, après quelques petites années de pma, une fausse-couche, une maladie, de croire en sa chance et de passer le cap des trois mois comme on franchirait le cap-horn. Mais voilà qui est fait et la poule mouillée que je suis doit se faire à l’idée qu’elle peut se lâcher et devenir une vraie dinde.
Une dinde, c’est une femme enceinte et heureuse de l’être. Qui horripile et fait fuir toute pmette (j’en sais quelque chose, si si, je me souviens). Au début, comme elle ressemble à rien, elle fait fuir personne. On verra plus tard…
Chez moi, ça commence à poindre, pas le ventre qui reste encore bien plat, mais ces gestes, ces mots, ces pensées, ces paroles… de dinde. Et c’est tout simplement dinde dingue et bon !
DES GESTES
Le premier qui me vient à l’esprit, le plus important est celui qu’on déteste toutes. La main sur le ventre (si possible avec un sourire béat). Ce geste-là, avec le recul et ce début d’expérience, je crois qu’il est tout naturel, instinctif, animal. Je l’ai fait dès le début. Ma main, mon lien avec mon bébé. Jamais dans les lieux publics, mais souvent en privé. Une façon de nous connecter, de penser à lui, de lui parler, d’être ensemble. Vous verrez, ça vient tout seul… J’imagine qu’avec un ventre rond, je vais devenir une dinde de première…
Un autre geste, pur réflexe devenant tic, se regarder de profil, dans l’espoir de voir enfin des rondeurs qui ressemblent à quelque chose… Pour le moment la seule rondeur est celle d’un bidon bourré d’hormones qui cela dit devient moins flasque, et celle d’un haut de pubis qui semble un peu enflé. Côté nénés, toujours bien sensibles depuis un moment maintenant, ils commencent seulement à prendre un peu de volume « tu crois » dis-je, « si si », dit l’homme avec des yeux gourmands. Fierté de dinde…
Un début d’exploration en puériculture, avec repérage sur le net d’un magasin, Aubert, que nous projetons de visiter, mais pas tout de suite hein… Et puis, un plaisir que je vais m’accorder, aller chez Bonpoint après l’écho du 15 janvier, c’est à côté du cabinet, ce sera les soldes, alors j’ai envie d’y dénicher la tenue de mon bébé pour sa sortie de la maternité ou un pyjama fétiche…
DES MOTS
Les mots me manquent étonnamment. Je vis dans une sorte de bulle, je n’ai pas tant que ça envie de parler. Dailleurs, je ne sais pas à qui. Pas à mes pmettes préférées, c’est déplacé, pas à mes amies qui depuis quelques semaines me désertent (à moins que ce soit moi qui déserte), ni à mpm, enfin si quand même, mais pas sur tout ce qui suit (ci-dessous). Alors finalement, c’est à mon petit trésor que je parle le plus. Dans ma tête ou à haute voix. Jamais par écrit. Je n’ai pas repris mes carnets depuis que je sais que je suis enceinte. Notre échange se fait en direct, et c’est je crois, ce qu’il me faut pour le moment. Gagatise de dinde…
DES QUESTIONS
Les pensées, elles, ne manquent pas. ça travaille là-haut, et dans tous les sens… Avec autant de questions existentielles que purement pratiques. Et sûrement des interrogations un peu bêtes, du genre « est-ce qu’à 45 ans, on fait du lait pour son bébé ? », oui j’avoue, ou encore « mais p’tain, comment on choisit une poussette ? » et si on part en we, on emmène quoi ? » et on pose quoi comme questions à la maternité » » et s’il pleure et je ne sais pas pourquoi ni quoi faire » « est-ce qu’on arrivera à lui transmettre nos valeurs? »… Je ne connais rien à rien et plus je vais m’enfoncer dans ce nouveau monde, plus je vais découvrir que je suis plus ignare encore que je ne l’imagine…
DES LECTURES
A défaut de causer à d’autres dindes ou mamans gnangnan, je lis. Pour Noël, MPM avait le cadeau tout désigné : des livres pour femmes enceintes ! J’en ai eu trois (ravie) + celui de Lulu + le net, ça va, j’arrive à défricher le terrain. Je me suis intéressée aussi au magazines, Neuf mois (nul), Infosbébés (bof), Famili (bof), Parents (bien). C’est donc ce dernier que je vais sûrement acheter pendant 6 mois au plus, we’ll see.
DES RÊVES
Par deux fois, à quelques semaines d’intervalle, j’ai rêvé de mon bébé. Un rêve idéal la première fois, mais très court, avec un beau bébé à la houpette rousse, un cadre lumineux, une jolie tenue vert amande, beaucoup de lumière… Dans le second, un rêve plus long et compliqué avec un gros bébé nu, lourd, un appartement encombré de choses ,de gens, un manque total d’organisation et de connaissances, un bébé qui se retrouve sur un meuble comme un objet abandonné, un lit qu’on n’arrive pas à faire, des vêtements que l’on n’a pas, mais une grande agitation pour assurer malgré tout. Et sans stress pour autant…
L’année commence donc sur ce 2e trimestre qu’on dit le meilleur, avec un grand bonheur, toujours un peu de peur superstitieuse, une meilleure forme, des échéances proches qui vont me plonger un peu plus dans cette grossesse : le médecin à la maternité le 9 puis l’écho le 15.. Avec des bonnes nouvelles j’espère.
Je ne pensais pas que ce serait si bon de vivre ça. Aux pmettes qui me lisent et attendent, je souhaite vraiment de tout coeur ce bonheur. La vie peut être belle sans enfant, j’en suis sûre aussi, et on ne peut regretter ce qu’on ne connaît pas, mais maintenant que j’ai goûté à cet état, je n’ai qu’une peur c’est que le rêve s’arrête. J’aime être enceinte, je me sens autre, comme envahie d’une présence divine et précieuse, oui, un trésor, je suis pleinement heureuse et je suis sûre désormais que je serai une maman comblée.
Et bon, pour pas finir trop mal sur ce premier texte de 2014,
je vous souhaite de bien vite devenir dinde à votre tour !