Quelle question !

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Ce magazine va bientôt sortir.

Sa couverture m’a bien sûr interpellée… (pour tout dire j’ai même un peu bondi).

Pourtant, par la passé, je me suis posée cette question. Qu’est-ce qui me poussait tant à vouloir un enfant ? (je préfère ce verbe au mot « faire » qui était pour nous inapproprié) J’ai cherché des réponses. Peut-être pour être sûre d’avoir de « bonnes raisons »… Comme s’il me fallait justifier ce besoin profond, qui aurait pu ne pas l’être…

Aujourd’hui, pour moi, la question ne se pose pas. Il n’y a pas de pourquoi qui tienne. Faire un enfant est une évidence. Un état naturel des choses. Et si je pense que nous sommes capables d’aller aussi loin en pma, d’endurer tant de souffrances, c’est pour cette évidence toute simple. Il n’y a pas à formuler de pourquoi, il n’y a pas à de justifications à donner, pas de raisonnements à tenir, pas de réponses au pourquoi. C’est un besoin légitime, parce que tout simplement humain, inné. Un élan de la vie vers la vie.

Alors je vais sûrement acheter ce magazine, par curiosité, pour voir, pas pour ses réponses.

Car je réalise aujourd’hui  qu’il y a chez moi une part animale contre laquelle raison et pensée peuvent bien s’en mêler, mais n’y pourront rien. Avant, je pensais que la grossesse me ferait peur, me dégoûterait même un peu, un état dont je me serais bien passée. Dorénavant, elle me semble toute naturelle, je me sens bien dans cet état-là, apaisée, à ma place sur cette terre. J’étais loin d’imaginer ressentir ça un jour. Mais ce devait être là néanmoins.

Je pense que toute femme – pmette ou pas –  ressent à un moment donné  ce besoin naturel. Et c’est aussi parce que ce besoin est tout naturel qu’il est si difficile d’en être privée, de devoir se battre, de devoir renoncer parfois. C’est un immense désarroi. Il faut bien du courage pour l’affronter. Mais ce courage-là est naturel aussi. Vital. Comme l’instinct de survie. Qui sera là aussi, heureusement, en cas de renoncement obligé. L’homme est pas mal fait globalement, même si la nature lui joue bien des tours…

Au final, cette question, je l’ai ressentie comme un affront aux pmettes. Elle m’a pas mal heurtée… Mais je n’ai pas su bien m’en expliquer… Désolée…

Entre joie et tristesse

Aujourd’hui est un grand jour, je vais retrouver celle qui fut la première, la première pmette rencontrée dans la vraie vie. C’était à la terrasse d’un café, il me semble, en face de la Gare de Lyon. Aujourd’hui, nous nous retrouvons, différentes, bien que toujours les mêmes, parce que toutes deux enceintes.
Oh, certes, rien n’est gagné, rien n’est joué, mais nous sommes bien montées dans le train. Et y monter ensemble, à quelques mois près, c’est encore plus miraculeux.
Je parle bien sûr de toi Fabienne.

Mais en ce jour, je pense surtout à d’autres compagnes d’infortune, qui sont restées à quai.
Et à deux en particulier, que j’ai eu le bonheur, là encore, de rencontrer, deux très belles personnes qui sont elles aussi parties à Brno pour hélas rentrer le ventre vide et le cœur déchiré.

Je saisis alors combien j’ai eu de la chance. Et qu’on ne me dise pas que c’est mérité après tout ce que j’ai vécu, car elles il n’y a aucun mérite là-dedans, et je n’ai rien vécu de pire que ce qu’elles ont elles-mêmes vécu, le malheur ne se quantifie pas, ne se compare pas. Et puis, pourquoi mériterais-je et pas elles ? S’il y avait une justice, elles seraient mères. Mais la vie n’est pas juste, elle est insaisissable, et derrière tout le bonheur que je partage ces temps-ci, non parfois sans une certaine gêne, il y a ma tristesse quand je pense à elles, des envies de hurler que c’est pas normal, qu’on ne peut pas leur refuser ça, que c’est trop injuste..

Et j’espère tout au fond de moi, qu’elles trouvent la force et se ressourcent auprès de leur amour pour trouver leur bonheur.
Oui, je suis un peu triste ce matin alors que je m’apprête à partager un moment de joie. Car il y aura toujours ce petit voile.
Et si l’une se dit sur « la fin » et si de l’autre, je ne sais plus rien (mais j’ai eu quelques mots, merci à toi, si tu me lis), je continue de penser à elles, à rêver que le miracle se produise. Elles me sont chères, mais elles ne sont pas les seules, et avec elles, c’est à toutes celles qui souffrent encore que je pense.
J’avais besoin de le(ur) dire…

Alors ? Un gars ? Une fille ?

1er vetement bonpoint

La journée d’hier aura été riche en émotions après une très trop courte nuit…

J’en retiens les larmes de mon mari, son sourire, son rouge aux joues.

Des images en noir et blanc, un petit corps qui se dessine à l’écran, des mouvements…

J’étais anxieuse à l’idée de cette écho, plus que je ne l’imaginais. Tout est si parfait depuis le début. Comment est-ce possible ? Cela peut-il durer ?

Hier donc, après un petit contretemps de transport (pas de métro, et donc taxi dare dare), nous passons cette écho tant attendue. Et pas une endo cette fois très chères ! (quoi que si, mais j’y reviendrai). Tout de suite sont arrivées des images à l’écran, celles de notre bébé ! L’échographiste nous annonce qu’il bouge énormément. Elle mettra donc pas mal de temps à prendre toutes les mesures et tout vérifier : la crevette lui donne du fil à retordre, mais après moult écrasements de bidon, on y arrive et tout y est, TOUT VA BIEN. Je n’en souhaitais pas plus !

Et bien que pudique le choupinou, nous avons vu son sexe, le must ! Enfin, nous, nous n’avons rien vu, fallait le savoir… Mais elle, oui, et de nous l’annoncer sans mise en jambe, sans prévenir, sans roulement de tambour ni trompette… A tel point que, moi, focalisée sur l’écran, je ne l’ai entendu que parce que mpm a rebondi sur l’info.

Alors ? Un gars ? Une fille ?  

Roulement de tambour et trompette s’il vous plait ! …………….. c’est un garçon !!

OH si vous aviez pu voir les lumières dans les yeux de l’homme, l’émotion de celui qui clairement rêvait d’un petit homme… C’est un moment magique, un moment unique. Une telle émotion que tout le corps, l’esprit, l’être tout entier est sous l’emprise de sentiments indescriptibles… Je ne trouve pas mes mots à vrai dire… Mais une fois rassurée, je me suis régalée à le regarder bouger, à voir sa bouche s’ouvrir, à guetter les images en entier (qui sont plus rares maintenant) et qui sont les seules que l’on comprend bien. Petit gâteau sur la cerise, nous avons même eu une petite image 3d de son visage. Un peu cachée, un peu étrange certes, mais tellement émouvante.

Pour finir, comme j’avais un placenta un peu bas, nous avons vérifié ça avec l’écho endo… Le col est bien, mais le placenta est resté un peu bas. C’est le petit bémol. Je ne dois pas trop m’agiter, faire attention et filer aux urgences si saignement.

En sortant, comme je le souhaitais nous nous sommes arrêtés chez Bonpoint. Bon, même en soldes, ça reste ultra méga cher, mais quels merveilles leurs vêtements… On s’est quand même fait plaisir avec un achat symbolique, un petit gilet, choisi ensemble, rouge. Il n’y avait pas grand chose en vêtements d’été de naissance, alors on s’est rabattus sur du 6 mois… (en photo donc : son premier petit vêtement… )

Voilà les nouvelles, aujourd’hui, nous en sommes à 18SA et tout va bien ! Et pour mon amie aussi alors, je suis aux ANGES !

ça fait conte de fées non ? J’en reviens pas…

Nuit (quasi) blanche

Paris. 6h du mat´

Je suis furieuse contre moi-même, je tourne et vire sans savoir quoi faire de ma peau.
Ces nuits écourtées, hachées, finissent par me peser.

Début d’un sale engrenage ?

Je ne comprends pas comment on peut se sentir si bien le jour et si mal dormir la nuit.
Je ne comprends pas ces nuits qui se passent à penser à mille choses sans queue ni tête…

Aujourd’hui, à 10h, nous avons rendez-vous pour l’écho.
Je suis réveillée depuis 3h30, il est 6h, dans une heure c’est l’heure de se lever, c’te bonne blague.

Et là, je craque, je me mets à me pleurer, à bout, ma tête semble prête à exploser…
Je ne pense qu’à une chose : dans quel état, je vais être pour cette écho…
Hier, déjà avec une insomnie de 3 à 5h, j’étais mal toute la journée…

Alors là… Là, c’est un grand jour, de ceux que l’on attend,
et la magie ne sera pas au rendez-vous parce que je serai mal…

j’ai l’impression que la journée est gâchée d’avance, déjà pourrie, parçe que commencée trop tôt.
J’en finis même par me demander si on ne va pas avoir de mauvaises nouvelles…

Et je m’en veux… et je m’en veux de m’en vouloir…
Et même ce post exutoire ne me rendra pas le sommeil.
De toute manière pour 3/4 d’heure maintenant, c’est foutu.

Je vais trainer ma peau toute la journée…
Et ma culpabilité, car bien sûr, pour corser le tout, j’ai un gros travail à finir sur les 10 jours à venir….
Et une soirée importante pour mpm vendredi où il veut clamer sa future paternité, à une bande d’inconnus pour moi…
De l’intensif, avec un çerveau ramollo, génial…

Là, j’ai juste envie d’une coupure, ne plus travailler, plus de pression, rester au lit loin du monde, dans ma bulle,
seule avec mon petit trésor…
C’est juste pas possible…
Fatiguée…
Si l’on sait ton sexe aujourd´hui, mon tout petit amour, j’aurais préféré l’apprendre dans de meilleures dispositions…
Mais, je ne souhaite qu’une chose au fond, tu le sais, je le répète sans arrêt : que tu ailles bien…. le reste, je m’en fous…

Premiers pas à la maternité

Jeudi dernier, c’était la visite du 4e mois et aussi la première visite à la maternité… Après l’inscription administrative, nous sommes allés attendre notre tour dans la salle d’attente où, forcément, il y avait foule de gros bidons… Au début, ça allait, mais plus le temps passait, plus je me sentais mal à l’aise, moi, avec mon tout début de ventre qui ne se voit pas, j’avais le sentiment d’être une intruse… Et puis, il y avait cette nana qui paradait avec sa Bébé Confort (pile la poussette que je veux) et qui lançait des coups d’œil à la ronde, pour voir si on la regardait bien (moi ex-pmette extrêmement agacée)… Même MPM a repéré son manège et on a commencé à se foutre un peu d’elle.. Fallait bien décompresser…

Mais l’essentiel est ailleurs. Le merveilleux s’est joué vers 14h derrière la porte du cabinet de mon nouveau gyné (j’arrive pas à lui trouver de nom). Après la paperasse, zou, examen : après quelques tâtonnements (what’s going on ?), miracle, nous entendons un cœur battre, ah non, ça c’est le mien, retâtonnements, souffle en suspens : mais ayé, cette fois c’est lui…. OUF !!! MPM qui s’est rapproché – a pu l’entendre cette fois, il était ravi ! Il bat parfaitement, à 140. Puis examen du col : tout va bien là aussi. Après la visite, gyné m’a envoyé vers les infirmières pour analyse d’urine en direct : ok (tout est clair) et prise de sang (faut attendre les résultats). J’en ai profité pour me faire vacciner contre la grippe. J’avais lu/entendu que c’était préférable pour les femmes enceintes et gyné a confirmé.

Au cours de ce rendez-vous, il a pris le temps d’écouter mes questions, et d’y répondre, sûrement amusé par la longue liste de mon cahier rouge, mais il n’en a rien montré. Très calme. Nous avons parlé de l’incontournable avis de ma chirurgienne qui aura son mot à dire sur l’accouchement. Autour du 6e mois. Il m’a demandé aussi si je le sens bouger, et comme ce n’est pas le cas, j’apprends que d’ici dix/quinze jours, je devrais commencer à le/la sentir !! (voilà le nouveau truc que je vais guetter, que j’ai commencé à guetter !)

Pour l’Aspegic et le Lovenox, il me redit qu’il existe en effet un risque de retard de croissance avec une fiv do, dû à une forme d’incompatibilité. Genre ton corps fait la gueule parce que c’est pas tes cellules… Il me l’avait dit quand je l’avais vu en consultation anténatale. Mais rien ne prouve que l’Aspégic aide à lutter contre ça. Il est utilisé contre la pré-éclampsie notamment, mais par extension, il y a une sorte d’amalgame et on en prescrit (trop) facilement. Dans mon cas, il faut veiller à ne pas avoir l’effet inverse. Donc je continue l’Aspégic, mais si saignements, j’arrête et je file aux urgences. Quant au Lovenox, il confirme que je reprendrai au dernier trimestre et arrêterai alors l’Aspégic…

Dans le couloir en sortant, mpm tout sourire m’a embrassée. Je crois qu’il était nerveux, puis soulagé. C’était émouvant. Comme toujours avec les émotions fortes, j’ai du mal à réaliser ce qui arrive… Comme si les choses se passaient en dehors de mois. Le soir, avec mpm, on s’est mis à lui causer (moi, ça fait un bail que je lui cause dans mon coin), puis à rire comme des gosses, peut-être un peu intimidés, malhabiles, excités, bouleversés, par cette nouvelle nouveauté :

 » Toc toc toc ! T’es là bébé ?

– Si t’es là, tape du pied

– Alors ?

– On n’entend rien !

– Vas-y ! Tu peux y aller, elle s’en fiche ta mère, elle aime ça ! »…

Un rire-jeu libérateur après une journée belle et bien remplie…

Prochaine étape : écho de croissance mercredi. Là, je ressens de nouveau une forte pression. Plus l’étape approche, plus je cogite, consciente qu’en quelques secondes le rêve peut virer au cauchemar, une malformation, un truc grave, un avortement obligé… Je suis tellement bien dans ma peau de dinde, tellement heureuse, que ma vie s’écroulera s’il arrive malheur à mon enfant… Alors, oui, tant pis, je le crie ici haut et fort – et sans honte- que j’ai vraiment peur. Je suis tellement accrochée à mon rêve, qui devient chaque jour un peu plus réalité, que je ne peux croire qu’il s’arrête soudain. Je ne peux – ne veux – pas croire que la vie nous fasse ça, mais je sais qu’elle peut, alors il faut que je respire et que j’évacue ces pensées inutiles qui ne changeront rien à rien et que je garde la tête froide, en pensant que peut-être, qui sait, nous serons si c’est une crevette ou un creveteau… Il y encore deux jours à tenir…

Le ventre

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Le signe extérieur d’une grossesse, c’est le ventre. Ce ventre rond qui, au cours d’un parcours pma, heurte, rebute, horripile et souvent fait pleurer tant il évoque, symbolise, l’inaccessible maternité tant rêvée…

Comme j’ai pu les haïr ces ventres d’inconnues… Mon ventre, lui, si longtemps resté vide. Musclé plus jeune, plus flasque depuis la pma, couvert de bleus en traitement… Le voilà devenu mon obsession (j’en suis pas fière), mon principal centre d’intérêt… Après l’euphorie des fêtes, je me suis mis à scruter mon ventre à tout bout de glace, de miroir, de vitrine, à le tripoter le masser, l’observer, lui causer… Pathétique…

Faut dire qu’à trois mois et demi, il est temps pour lui de grandir, qu’il prenne un peu de volume quoi ! Car même si on m’affirme que ça n’a rien d’anormal, j’ai un besoin d’être rassurée, la dernière écho datant de début décembre, ça fait loiiiiin.
Donc, je le trouvais désespérément plat et affublé d’une sale bedaine au-dessus. Je surveillais au mauvais endroit en fait, du côté du pubis, une vraie nouille…

Il y a deux jours, ma cousine – mère de quatre enfants je précise – se pointe à la maison pour un petit dîner et me regarde le bidon :

«  – ah bah ça y est, ça se voit ! »

–        bah non, c’est mon gros bidon plein de gras

–        ah mais non, c’est pas du gras ça, c’est ton bébé

–        nan, regarde (et de me tirer la peau), c’est du gras !

–        non non non, le gras, tu vois, c’est là, plus bas (et elle de se tirer la peau), là ton ventre il est rond, il est haut, c’est ton bébé, il est là, il est pas en bas, et puis regarde, c’est dur

–        tu crois ? C’est pas si dur quand même (mais fichtre, c’est pas tout mou non plus)

Et soudain de réaliser que oui, mon ventre est rond, qu’il est tendu quand je suis debout, qu’il a une forme qui prend forme, une vraie forme un peu bizarre mais pas une esquisse !

Je n’en reviens pas, je suis sur le cul, comment ai-je pu être aveugle de mon propre corps ? En une seconde, je quitte un ventre plat et bedonnant et découvre un ventre de femme enceinte… Un poids s’envole. Je le regarde avec des yeux neufs, je le trouve beau, lisse, seuls subsistent quelques bleus dont je me fiche…

Mon bébé est là derrière.
Mon tout petit trésor, mon amour…
Tu grandis, tu t’installes,
Tu prends place !
Tu es chez toi, profite !
Je suis toute à toi !

Un moment de bonheur, une découverte. Un répit avant le stress des examens qui approchent.

Pour me remettre dans le bain, je viens de recevoir le compte-rendu de mon rendez-vous hémato de décembre, j’y apprends qu’elle recommande la reprise du Lovenox au dernier trimestre et jusqu’à six semaines après l’accouchement, mais j’y lis aussi, et j’ai bien sûr tiqué, la phrase suivante :
« J’ai recommandé de continuer l’Aspégic 100 mg par jour, compte-tenu du risque accru de retard de croissance lié au contexte du don d’ovocytes »…

C’est donc sûrement pour ça que j’ai une écho de croissance la semaine prochaine… Voilà qui ne va pas me rassurer… Heureusement, demain je vois mon nouveau doc (faut que je lui trouve un ti’nom d’ailleurs) et je lui ajoute donc cette histoire à ma grande liste de questions…

Voilà en gros, j’ai un ventre qui pousse et je reste la même : avec mes peurs mais aussi avec mes nouveaux bonheurs (bien plus immenses d’ailleurs qui, j’ai l’impression me renforcent chaque jour)…

Des débuts de dinde

Dinde

Je devrais commencer l’année par les traditionnels vœux/bilan/résolutions, mais honnêtement, là, tout de suite, j’ai plutôt envie d’évoquer mes débuts de dinde. Ce qui ne m’empêche pas de vous souhaiter tout plein de bonnes choses.

Pas facile, après quelques petites années de pma, une fausse-couche, une maladie, de croire en sa chance et de passer le cap des trois mois comme on franchirait le cap-horn. Mais voilà qui est fait et la poule mouillée que je suis doit se faire à l’idée qu’elle peut se lâcher et devenir une vraie dinde.

Une dinde, c’est une femme enceinte et heureuse de l’être. Qui horripile et fait fuir toute pmette (j’en sais quelque chose, si si, je me souviens). Au début, comme elle ressemble à rien, elle fait fuir personne. On verra plus tard…

Chez moi, ça commence à poindre, pas le ventre qui reste encore bien plat, mais ces gestes, ces mots, ces pensées, ces paroles… de dinde. Et c’est tout simplement dinde dingue et bon !

DES GESTES

Le premier qui me vient à l’esprit, le plus important est celui qu’on déteste toutes. La main sur le ventre (si possible avec un sourire béat). Ce geste-là, avec le recul et ce début d’expérience, je crois qu’il est tout naturel, instinctif, animal. Je l’ai fait dès le début. Ma main, mon lien avec mon bébé. Jamais dans les lieux publics, mais souvent en privé. Une façon de nous connecter, de penser à lui, de lui parler, d’être ensemble. Vous verrez, ça vient tout seul… J’imagine qu’avec un ventre rond, je vais devenir une dinde de première…

Un autre geste, pur réflexe devenant tic, se regarder de profil, dans l’espoir de voir enfin des rondeurs qui ressemblent à quelque chose… Pour le moment la seule rondeur est celle d’un bidon bourré d’hormones qui cela dit devient moins flasque, et celle d’un haut de pubis qui semble un peu enflé. Côté nénés, toujours bien sensibles depuis un moment maintenant, ils commencent seulement à prendre un peu de volume « tu crois » dis-je, « si si », dit l’homme avec des yeux gourmands. Fierté de dinde…

Un début d’exploration en puériculture, avec repérage sur le net d’un magasin, Aubert, que nous projetons de visiter, mais pas tout de suite hein… Et puis, un plaisir que je vais m’accorder, aller chez Bonpoint après l’écho du 15 janvier, c’est à côté du cabinet, ce sera les soldes, alors j’ai envie d’y dénicher la tenue de mon bébé pour sa sortie de la maternité ou un pyjama fétiche…

DES MOTS

Les mots me manquent étonnamment. Je vis dans une sorte de bulle, je n’ai pas tant que ça envie de parler. Dailleurs, je ne sais pas à qui. Pas à mes pmettes préférées, c’est déplacé, pas à mes amies qui depuis quelques semaines me désertent (à moins que ce soit moi qui déserte), ni à mpm, enfin si quand même, mais pas sur tout ce qui suit (ci-dessous). Alors finalement, c’est à mon petit trésor que je parle le plus. Dans ma tête ou à haute voix. Jamais par écrit. Je n’ai pas repris mes carnets depuis que je sais que je suis enceinte. Notre échange se fait en direct, et c’est je crois, ce qu’il me faut pour le moment. Gagatise de dinde…

DES QUESTIONS

Les pensées, elles, ne manquent pas. ça travaille là-haut, et dans tous les sens… Avec autant de questions existentielles que purement pratiques. Et sûrement des interrogations un peu bêtes, du genre « est-ce qu’à 45 ans, on fait du lait pour son bébé ? », oui j’avoue, ou encore « mais p’tain, comment on choisit une poussette ? » et si on part en we, on emmène quoi ?  » et on pose quoi comme questions à la maternité »  » et s’il pleure et je ne sais pas pourquoi ni quoi faire » « est-ce qu’on arrivera à lui transmettre nos valeurs? »… Je ne connais rien à rien et plus je vais m’enfoncer dans ce nouveau monde, plus je vais découvrir que je suis plus ignare encore que je ne l’imagine…

DES LECTURES

A défaut de causer à d’autres dindes ou mamans gnangnan, je lis. Pour Noël, MPM avait le cadeau tout désigné : des livres pour femmes enceintes ! J’en ai eu trois (ravie) + celui de Lulu + le net, ça va, j’arrive à défricher le terrain. Je me suis intéressée aussi au magazines, Neuf mois (nul), Infosbébés (bof), Famili (bof), Parents (bien). C’est donc ce dernier que je vais sûrement acheter pendant 6 mois au plus, we’ll see.

DES RÊVES

Par deux fois, à quelques semaines d’intervalle, j’ai rêvé de mon bébé. Un rêve idéal la première fois, mais très court, avec un beau bébé à la houpette rousse, un cadre lumineux, une jolie tenue vert amande, beaucoup de lumière… Dans le second, un rêve plus long et compliqué avec un gros bébé nu, lourd, un appartement encombré de choses ,de gens, un manque total d’organisation et de connaissances, un bébé qui se retrouve sur un meuble comme un objet abandonné, un lit qu’on n’arrive pas à faire, des vêtements que l’on n’a pas, mais une grande agitation pour assurer malgré tout. Et sans stress pour autant…

L’année commence donc sur ce 2e trimestre qu’on dit le meilleur, avec un grand bonheur, toujours un peu de peur superstitieuse, une meilleure forme, des échéances proches qui vont me plonger un peu plus dans cette grossesse : le médecin à la maternité le 9 puis l’écho le 15.. Avec des bonnes nouvelles j’espère.

Je ne pensais pas que ce serait si bon de vivre ça. Aux pmettes qui me lisent et attendent, je souhaite vraiment de tout coeur ce bonheur. La vie peut être belle sans enfant, j’en suis sûre aussi, et on ne peut regretter ce qu’on ne connaît pas, mais maintenant que j’ai goûté à cet état, je n’ai qu’une peur c’est que le rêve s’arrête. J’aime être enceinte, je me sens autre, comme envahie d’une présence divine et précieuse, oui, un trésor, je suis pleinement heureuse et je suis sûre désormais que je serai une maman comblée.

Et bon, pour pas finir trop mal sur ce premier texte de 2014,
je vous souhaite de bien vite devenir dinde à votre tour !